Un mot à trouver ?

mercredi 30 juin 2021

Le lycée de Sommières (encore ...)

Ce matin, dans un spot Info-Flash® (ici), le président-maire-président a coiffé sa double casquette "Consortium Contributif Pour Sommières & Mairie de Sommières" pour faire sa publicité avec ce qui est un gouffre (un lieu où tout s'engloutit...) ou un ONI (objet non identifiable) pour les habitants de notre commune : il a fait visiter le lycée de Sommières aux élus communautaires.

Les élus Calvissonnais étaient-ils présents ? Ou ont-ils osé ne pas y être ? Je n'ai pas su le voir sur les photos qui illustrent tant le spot publicitaire que le site Internet intercommunal (ici).

En tout cas, les collégiens Calvissonnais ne profiteront pas de ce qui est présenté comme un établissement idyllique,  ... et leurs parents pourront apprécier l'utilité de leur participation à fonds perdus (dans un gouffre... 😉).

lundi 28 juin 2021

Quand la justice était vraiment de proximité

En décembre 1775, "le Conseil politique de la Communauté de Calvisson assemblé à l'issue des Vêpres dans l’Hôtel de Ville" décide, sur proposition du Premier Consul Maire, que sera créé un "Bureau en règle pour ce qui concerne la petite police".
Quatre conseillers sont alors nommés "policiers".

En août 1778, on trouve le compte-rendu d'une réunion de ce bureau, renouvelé à chaque élection consulaire :

"... au mépris des arrêts de règlement et défense faits par la police, ... journellement ... plusieurs particuliers du présent lieu, leurs femmes, enfants et domestiques ... [font] des ordures et saletés aux fontaines ... en y lavant leurs lessives, herbes et salades terreuses, de même que les tombades et fritures des moutons et agneaux, ... et autres immondices capables de corrompre et infecter les eaux des fontaines qui sont de prix inestimable pour l'utilité des habitants ..."

"... la femme de Pierre E. dite V. fut trouvée lundi dernier ... à laver des tombades ou fritures de mouton dans la première pille [le premier bassin où arrive l'eau la plus claire pour le rinçage] de la fontaine de Flurant, qui est la seule réservée pour le public pour prendre de l'eau ou l'abreuvage du gros bétail ..."

Ladite femme V., immédiatement amenée devant les policiers par le Valet de Ville, avoue "[n']avoir lavé qu'au bas de la première pille ... et n'a pas cru que cela peut infecter les eaux".

Tenant compte de sa comparution et de son aveu, le Bureau la condamne "à l'amende de 12 sols [± 9 € aujourd'hui] ... avec défense de récidiver sous plus grande peine".

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Quelques années plus tard, pendant la Révolution, existait dans la commune un "règlement de police applicable aux pauvres".
En octobre 1790, au matin, 5 gardes nationaux calvissonnais, en patrouille sous la conduite d’un capitaine, "trouvent du monde à boire chez Antoine D., aubergiste, auquel ils disent de les mettre dehors". L’aubergiste répond qu’il a le droit de servir à boire jusqu’à 10 heures.
Visiblement, il n’est pas 10 heures, car "la patrouille se retire".

Une deuxième patrouille, après 10 heures, "trouve encore du monde à boire chez ledit D., des étrangers et des habitants de la ville".

Une troisième patrouille, "sur les onze heures", trouve "deux personnes au rez-de-chaussée … ayant une bouteille pleine de vin, et dans une pièce au premier étage quatre personnes … assises autour d’une table sur laquelle il y avait une bouteille vide".
L’aubergiste répond que "ceux-ci ne boivent plus" ; alors "la patrouille se retire sans bruit".

Rapport des patrouilles est fait le soir même au conseil des officiers municipaux, réuni spécialement pour cette affaire. Procès-verbal en est dressé.

Sur réquisition du procureur de la commune, l’aubergiste est convoqué incontinent. Après qu’il ait été entendu, il est condamné à une amende de 6 livres [± 84 € aujourd’hui] au profit des pauvres de la commune.

lundi 21 juin 2021

Dans les vieux grimoires ...

Début 2021, la Municipalité a fait numériser par l'association Brozer-Téléarchives plus de 30 000 pages des archives communales antérieures à la Révolution, notamment les délibérations consulaires et les compoix (anciens cadastres).
Ces documents sont visibles sur le site Internet de l'association (ici) et seront bientôt, je l’espère, accessibles à la Médiathèque et/ou sur le site Internet de la Mairie.

Ces manuscrits ne sont pas toujours faciles à lire ; à l'époque, on n'écrivait pas comme maintenant ... Et il peut y avoir des abréviations un peu "hermétiques" ...
Quelque pratique de ce qu'on appelle la paléographie est parfois nécessaire, mais on finit par y arriver.

Et on y trouve la petite, et parfois la grande, Histoire de nos anciens élus qui, visiblement, avaient les mêmes soucis financiers et matériels que ceux d'aujourd'hui ...

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Pour l'anecdote,  l'article 30 (sur 36) d'un "bail de travaux" attribué en février 1770 à Jacques JULLIAN, maître-paveur de Claret : "Il sera fait au banc de MM. les Consuls qui est dans l’église un tapis de drap vert de Lodève ...".
Tout est détaillé : seront couverts le siège, le dossier "jusqu’au haut" et les accoudoirs "par-dessus et par-dehors"... "jusqu’au dossier du banc du Valet de Ville" ; et y seront brodées, "en bosse avec de la soie", des fleurs de lis doubles et les armoiries de la Ville. Même l’écartement à respecter entre les "petits clous jaunes" pour "arrêter la tapisserie" est précisé : 6 lignes, soit ± 1,35 cm. ... Mais les consuls pourront choisir la couleur de la soie …
Et sera aussi fait un portillon, fermé par une serrure à clef, à chaque extrémité du banc.

On peut en déduire que, dès avant ce temps, les consuls de Calvisson, les conseillers et notables, et vraisemblablement la plupart des habitants du village, par obligation, discipline, fidélité ou conviction, avaient pour habitude de participer au culte dans l’église.

À cette époque (Louis XV), nous n'étions pas en République laïque mais en Royauté catholique.
Or la tradition locale veut que, dès l'implantation de la Réforme en Vaunage, vers 1560-70, la "Communauté et Consulat" de Calvisson ait été administrée par des conseillers et consuls "faisant profession de la Religion Prétendue Réformée".

La répression était devenue certes moins rude que dans les années 1690-1720. Mais peut-on imaginer que le prêche protestant ait été fait dans l’église Saint-Saturnin, alors même qu’un curé y était attaché ?
Ou bien les consuls, pour conserver leur statut de "notable" et peut-être même préserver l'existence de leur institution, voire pour se préserver eux-mêmes, se comportaient-ils en "nouveaux convertis" ?
En ces temps alors plus difficiles que ceux d'aujourd'hui, il était indispensable de s'adapter aux circonstances.

Ou alors ... Y aurait-il eu des conseillers, voire des consuls, catholiques ?